[ATELIER – RENCONTRE] Écritures en chantier

Quelques traces des ateliers d’écriture du lundi soir au Théâtre Jean-Vilar, avec Métie Navajo, autrice en résidence.

Commençons, logiquement, par la fin : la dernière séance.

Nous nous sommes réunis quelques lundis soirs, au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, pour écrire ensemble. On croirait parler d’une autre époque maintenant que nous vivons celle du covid-19, celle du confinement pour les uns, celle du travail quasi forcé pour les autres, celle où nous respirons à distance, celles où nos corps ne se rencontrent plus. La question de départ était : qu’est-ce qui nous appartient ? La question finale : donnez votre définition du chantier. De l’une à l’autre nous avons vagabondé. Un lundi soir, vers 19h45. Nous pensions nous revoir assez vite, pour préparer notre restitution sur scène. Pas la définition du dictionnaire, la vôtre. Je mène ce qui s’appelle un atelier d’écriture, donc c’est moi qui fais les propositions, en général. J’écris parfois un moment avec eux, je gribouille, puis je les regarde gratter leurs feuilles, à l’ancienne, le bruit que ça fait, les visages concentrés, les sourires échappés, les soupirs. Et puis on lit. On s’écoute. Et toujours l’écriture révèle même en tout petit l’incommensurable singularité de chaque être (c’est un peu romantique, comme vision) se débattant avec cette matière là, la langue...

Chantier. Depuis que que je suis en résidence au Théâtre Jean Vilar, l’axe principal, départementale 5, qui va de Paris à Orly et me dépose au théâtre, est un chantier vorace qui mange la ville en attendant que passe le tramway. Au fil des mois j’ai regardé les béances bouger, l’herbe repousser, les machines avancer, les statues se déplacer, les habitants méandrer péniblement entre les trous, les barrières, la ville encore invisible commencer à pousser autour… Le chantier est entré tout naturellement dans nos chantiers d’écriture.

Métie Navajo

  

DEFINITION CHANTIER

FL.

Peu importe le domaine, le chantier c’est le changement. Ce moment où le figé devient mouvant, où l’habitude laisse place à la nouveauté. C’est la réalisation concrète d’une vision. On appose brique après brique les éléments qui constituent, qui donnent corps à l’image que l’on s’est fait mentalement. Mais même si la réalisation est pensée en amont, le chantier c’est aussi la surprise. La surprise d’y découvrir les contre-temps, les écueils, tout autant que les remise en perspective ou les fulgurances. C’est l’endroit où se mêlent passé et présent, sous les formes du projet et de l’envie du moment. C’est une transformation, tant pour ce qui est fait que pour ceux qui font. Car ceux qui font, sont aussi ceux qui défont auparavant. Et dans le renouveau du lieu, de l’œuvre, il y a immanquablement le renouveau de soi, de façon parfois infime, et de façon parfois fondatrice. Le chantier c’est les fondations, la structure, l’habillage, la décoration, les fioritures. C’est cette traversé du nécessaire à l’artistique et au créatif. Le chantier c’est la construction d’un soi, mais aussi d’un collectif, d’un tout mêlant les êtres, les lieux, les histoires, les présents et les rêves. Le chantier c’est la vie qui suit son cours en luttant contre l’immobilité, le contentement, la fin.

DEFINITION CHANTIER

L.

Chantier : n.m. La mise en mouvement d’une transformation. A lieu après une grande phase amont de conception d’un projet pour enfin donner forme à l’idée, au dessin.

La mise en œuvre des matériaux. Assemblage. Pour parler d’une réalisation qui prend corps, prend place dans l’espace. Prend sa place. Presque définitive. Ou pour un temps. Interroge la pérennité de l’installation. Du solide.

DEFINITION CHANTIER

B.

Terme raffiné pour exprimer le sentiment que la vie c’est compliqué, et remplaçant élégamment les fameuses expressions « Ohlala, quel bordel » ou encore « Mais putain quelle galère ».

DEFINITION CHANTIER

F.

« Être en chantier », « C’est le chantier », « faire un chantier », « aller sur un chantier », « travailler sur un chantier » …

Nom commun. Masculin. Endroit ou situation en cours de changement ou désorganisé. Changement travaillé et réfléchi ou pas. Bouleversement d’un lieu. Passer d’un état A à un état B. L’état voulu, recherché. Le résultat d’un chantier.

Quel est le d’un but d’un chantier ? Améliorer ou détruire ? Détruire pour améliorer ? Améliorer en construisant ? Construire pour servir le changement ? Changer pour renouveler ? Renouveler car c’est inévitable ?

Arrête-t-on un jour d’être en chantier ? Fini. Stabilisé. Au summum du pratique, du beau, du sécurisé, du rien à améliorer ?…

<font face= »Times New Roman, serif »>DEFINITION CHANTIER </font>

<font face= »Times New Roman, serif »>O.</font>

<font face= »Times New Roman, serif »>C’est chanter volontiers avec un tiers, en vue d’amener les notes vers le haut. </font>

<font face= »Times New Roman, serif »>Des fois, c’est monotone et long comme à Vitry départementale.</font>

<font face= »Times New Roman, serif »>Des fois c’est comme une fondue d’emmental au Chablis.</font>

<font face= »Times New Roman, serif »>Chantier, à bras ouvert, pour monter vers le soleil.</font>

<font face= »Times New Roman, serif »>Si vous souhaitez recevoir des pistes et des propositions d’écriture pendant cette période de confinement, contactez par email <a href= »javascript:linkTo_UnCryptMailto(%27ocknvq%2Ccnkeg0etcjgkzBvjgcvtglgcpxknct0eqo%27); » class= »mail »>alice.craheix[at]theatrejeanvilar.com</a> </font>

<font face= »Times New Roman, serif »>Les textes seront publiés régulièrement sur le site du théâtre Jean-Vilar.</font>

Source: https://www.theatrejeanvilar.com/2606-19944/le-blog/fiche/atelier-rencontre-ecritures-en-chantier.htm

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