Gérard Zlotykamien, Tout va disparaitre
21 octobre 2023 – 7 janvier 2024
L’exposition illustre le parcours d’un artiste majeur de l’art urbain en France. Depuis plus de 60 ans, Zlotykamien habite les murs de la ville de ses figures fantomatiques et essentielles, que le temps ou l’action des hommes effaceront inéluctablement.
Qu’est-ce qui pousse un artiste à rejouer sans discontinuer le jeu de la vie et de la mort ? De la création et de sa disparition ? Naître à Paris en avril 1940 en étant juif en est sans conteste l’une des raisons, mais aussi une date clé dans la construction de sa personnalité et, plus tard, dans l’élaboration de son identité artistique.
Au sortir de la guerre, le parcours scolaire de Zlotykamien est chaotique. C’est la rencontre en 1954 avec Yves Klein, professeur de judo avant d’être l’artiste que l’on connait, qui va être déterminante. Il a 18 ans quand il réalise sa première exposition en galerie. À cette occasion un critique parlera de Monet: offensé lui pense Cy Twombly et Mathieu.
1963 est une année charnière; elle voit la première intervention in situde l’artiste au château Alington en Angleterre et sa participation à la troisième biennale des jeunes au musée d’Art moderne de la ville de Paris; ce moment datera symboliquement sa défiance d’un milieu de l’art enfermé entre quatre murs. «J’ai commencé à tout refuser en bloc, et à me dire que mon espace à moi c’était la rue» dira plus tard Zlotykamien.
Débute alors une migration créative au gré des villes et de leurs murs. Dans des cités en pleine reconstruction, il trouve un terrain d’expression sans limites: palissades, murs décrépis, tous ces supports sans noblesse l’inspirent. La bombe aérosol lui permettra de s’affranchir des obstacles et donnera par le flou de son jet, le caractère si particulier de ses «éphémères»; c’est ainsi qu’il les nomme.
Paris, Berlin, Ulm, Johannesburg vont être marquées en toute illégalité de ses personnages éthérés comme en suspension, ce qui lui vaudra de nombreuses gardes à vue et de lourdes amendes. Villes symboles, il les interrogera: à Ulm au cours d’un procès il dira: «J’effacerai mes œuvres quand ils me rendront les miens.»; à Paris: « La liberté́ de l’esprit ne se pose pas sur un plan juridique. » Révolté permanent de la «censure, torture, mort.»
Sa radicalité et sa constance en feront dans les années 1980 puis 2000 un exemple indépassable pour les artistes urbains. Célébré à la Fondation Cartier en 2009 avec l’exposition «Né dans la rue -Graffiti», Gérard Zlotykamien devient malgré sa modestie proverbiale le père fondateur d’un art urbain contemporain dont le Musée des beaux-arts de Rennes nous donne ici un aperçu, entre quatre murs.
Gérard Zlotykamien, 1984, © Rosine Klatzmann
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Source: https://mba.rennes.fr/fr/article/tout-va-disparaitre–gerard-zlotykamien/
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